De chez nous à chez vous dans Limoilou, un projet du Patro Roc-Amadour faisant partie de l’Initiative pour l’inclusion sociale des personnes aînées : un enjeu collectif, a récemment lancé le Groupe Richesse, un espace de discussion qui s’adresse aux personnes aînées du quartier, tout particulièrement celles vivant en HLM.
Lors de la dernière rencontre du Groupe Richesse, les participants étaient invités à s’exprimer sur le sujet de l’amitié chez les personnes aînées à travers trois questions.
Question 1 : Qu’est-ce que l’amitié pour vous?
Échanger, partager, apporter son aide… les participants au Groupe Richesse considèrent l’amitié comme une relation dans laquelle on donne autant que l’on reçoit. Même que, selon Françoise, « l’amitié c’est un précieux cadeau, comme un jardin dont on doit s’occuper. J’ai trois amies avec qui c’est comme ça depuis 1962. » Jeanne ajoute que, pour elle, l’amitié c’est de pouvoir partager nos peines comme nos joies. C’est d’ailleurs ce qu’elle vit avec une amie qu’elle a rencontrée il y a déjà 30 ou 40 ans. « On habitait dans les tours Bardy. On se croisait souvent. Un moment donné elle m’a dit ‘’toi, j’ai l’goût d’être ton amie! ‘’. Notre amitié dure depuis ce temps-là et on est toujours là l’une pour l’autre. »
Du côté d’Annie, une amitié solide c’est aussi d’être en mesure d’être là coûte que coûte. « J’ai une amie depuis plus de 50 ans, elle est comme de la famille proche. Par contre, depuis son opération pour un cancer au cerveau, c’est plus difficile de communiquer. Mais, on reste amies et je vais la voir de temps en temps. Elle me montre autrement qu’avec les mots comment notre relation compte encore beaucoup. Par exemple, elle va souvent me caresser la joue », confie-t-elle avec émotion.
Question 2 : Est-ce que c’est possible de se créer de nouvelles amitiés à votre âge?
À cette question, les personnes aînées présentes sont partagées. Si certaines trouvent plus difficile de créer des liens d’amitié significatifs par manque de confiance en l’autre, d’autres se disent plus disposées que jamais à entrer en relation d’amitié. C’est le cas de Hélène qui, après avoir pris sa retraite à un jeune âge, partage que la flexibilité de son horaire lui permet d’accorder plus de temps à ceux et celles qu’elle considère ses amis. « J’ai plus de temps et j’accepte ce que l’on m’offre. Mais je choisis aussi qui j’invite dans ma vie », affirme-t-elle.
« Moi, je trouve ça difficile un peu. Je trouve que l’on vit dans une société très individualiste et que les gens ont l’air d’avoir peur de s’engager. J’ai des attentes [quand j’entre en relation], mais je ne comprends pas toujours ce que les autres veulent. Je ne veux pas être un bouche-trou : je veux donner, mais aussi recevoir », affirme Françoise.
À l’écoute de ces différents témoignages, l’animatrice de l’activité et chargée de projet pour De chez nous à chez vous dans Limoilou, Manon Lebel, rappelle l’importance de respecter nos limites et celles des autres, et ce, peu importe la nature de la relation dans laquelle on évolue. « Et parfois, nos limites et nos attentes changent et c’est OK ».
Question 3 : Qu’est-ce que ça prend pour se créer de belles amitiés durables?
Plusieurs qualités sont à la base d’amitiés saines et durables selon les personnes participant au Groupe Richesse. De façon unanime, on nomme l’empathie, l’authenticité, l’honnêteté, la générosité, la disponibilité, le respect de l’autre et de ses choix, la réciprocité ou, encore, la présence d’intérêts communs. Pour Françoise, c’est l’honnêteté qui prime avant tout. « Il faut se connaître soi-même pour recevoir l’autre comme il faut. On n’a pas toujours besoin d’être pareils, mais il faut respecter nos différences », partage-t-elle.
Puis, il faut oser sortir et aller à la rencontre de nouvelles personnes. « Ma plus vieille amie a 89 ans. Je l’ai rencontrée à l’arrêt de bus. Je l’ai tout simplement abordée en lui disant à quel point la température était agréable. Pendant notre discussion, je l’ai tellement trouvé drôle que je lui ai demandé si on pouvait garder contact. Depuis, on va faire l’épicerie ensemble de temps en temps et on s’échange des revues », partage Hélène à l’ensemble du groupe.
Les organismes communautaires peuvent eux aussi être des lieux de rencontre pouvant mener à de nouvelles amitiés. C’est d’ailleurs ce qu’observe Mélanie Gagné, coordonnatrice de la popote roulante du Patro Roc-Amadour et qui s’implique aussi dans les activités du projet De chez nous à chez vous dans Limoilou. Selon elle, « on observe des amitiés qui se créent à travers les activités du Patro. On revoit souvent les mêmes visages, les gens se reconnaissent et tissent des liens ».
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Pour en savoir plus sur le Patro Roc-Amadour et ses activités, visitez le site Web de l’organisme.
Les prénoms des participantes ont été changés afin de respecter leur anonymat.